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Antibiorésistance : les éleveurs en première ligne

Protection. Le port de gants et d’un masque est indispensable lors du traitement ou de la manipulation des animaux traités. Cela évite l’absorption d’antibiotiques ou de bactéries potentiellement résistantes.

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Accompagnant régulièrement des stagiaires en BTS productions animales, il nous est difficile d’identifier un centre d’intérêt commun qui puisse être dans une relation gagnant-gagnant. En effet, ces stages, très longs, mobilisent des ressources humaines non négligeables. Lucas, l’un de ces stagiaires, « débarque » avec son sujet sur l’antibiorésistance. Ce thème est archi-débattu. Que pouvons-nous dire de plus ? Sinon répéter des informations déjà communiquées à de nombreux publics et sous différents formats.

Pas assez de protections prises lors des mélanges avec des antibiotiques

Je lui propose alors de travailler sur les précautions que devraient prendre les éleveurs lors de la préparation et de l’administration des antibio­tiques. Pour cela, nous avons systématiquement interviewé ceux qui utilisaient des poudres­ ou des solutions antibiotiques à mélanger avec du lait ou des aliments ainsi que des sprays. Il en ressort que très peu de mesures de protection sont mises en œuvre alors que l’éleveur est le premier concerné par le risque d’acquisition d’antibiorésistance. En effet, l’absorption éventuelle d’antibiotiques ou de bactéries potentiellement résistantes peut avoir un impact sur sa propre flore intestinale et les bactéries qui s’y trouvent en grand nombre.

À la suite des résultats de l’enquête, nous sommes alors convenus de sensibiliser les éleveurs à ce risque en créant­ une fiche explicative.

Deux mesures prioritaires : les gants et le masque

Le visuel recense six situations et propose deux mesures prioritaires par cas de figure. Lors du mélange de poudres ou de solutions antibiotiques avec du lait ou des aliments pour les veaux atteints de diarrhée ou de broncho-pneumonies, par exemple, le port d’un masque et de gants constitue une mesure essentielle. Il s’agit des mêmes recommandations lors de la pulvérisation par spray pour guérir des plaies ou désinfecter des cordons ombilicaux. L’objectif­ est d’éviter l’absorption accidentelle de médicaments. Le masque et les gants permettent également de supprimer ce risque lorsque nous nous touchons le visage, en particulier le nez et la bouche. Ces gestes tactiles incessants pour la plupart d’entre nous aident à nous rassurer et à contrôler notre corps.

Idem après le traitement

Ces recommandations sont valables lorsqu’un éleveur travaille dans un lot d’animaux traités. Il peut s’agir de curer des litières ou d’alimenter des jeunes veaux récemment traités, par exemple. Les animaux soignés avec des antibio­tiques rejettent dans le milieu extérieur des bactéries potentiellement porteuses d’antibiorésistances souvent multiples. Leur inhalation ou ingestion pourrait alors contaminer la flore digestive de l’éleveur. Lors de l’administration des traitements antibiotiques par voie générale, le port de gants épais est recommandé pour limiter l’impact d’une injection accidentelle. Là aussi, il est fortement conseillé d’éviter de se toucher le visage.

Ne jamais distribuer du lait contenant des antibiotiques

Lorsque les animaux de compagnie circulent dans l’exploitation – ce qui n’est pas recommandable, d’autant plus s’ils sont nourris avec du lait contenant des antibiotiques –, limiter les contacts de proximité avec le cheptel constitue une bonne protection. Mais il est surtout pertinent de ne pas leur donner du lait avec des antibiotiques, tout comme aux veaux, d’ailleurs. Enfin, une tenue dédiée est toujours recommandée. En cas de contact, il est indispensable de procéder à un lavage abondant de la zone concernée avec de l’eau. Protégez-vous.

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